Entretien du lundi 21 mai 2001 avec Mr Prince, Directeur Général de la Climadef

Rendez vous dans les locaux administratifs de Climadef, 31 place ronde, la Défense Valmy
Présents :
Pour climadef M. Prince Directeur Général et M. Bertaux Directeur technique
Pour le CRAC Joelle Paris, présidente, Claire Bernier, vice présidente et André Lafont membre du bureau

Le CRAC remercie et exprime son point de vue : la sécurité des personnes n'est pas assurée de façon satisfaisante actuellement. La situation est absurde, dangereuse, et il y a incompatibilité quartier / centrale. La CRAC explique la crainte des rivetrains en ce qui concerne les 2 risques majeurs : l'accident (l'absence de périmètre de sécurité, de consignes publiques et la densité du quartier sont des facteurs très aggravant) et la contamination bactérienne via la vapeur des TARs.
La notion de responsabilité est abordée et la démarche du CRAC en ce sens explicité.
M. Prince considère qu'il n'est pas le seul responsable, voire le moindre.
Tout au long de la discussion M. Prince se retranche derrière les ordres du concèdant, le Sicudef, et derrière les validations de l'état via le Stiiic (service technique des installations classées) et la préfecture des Hauts de Seine.

1- "And the winner is … " :

Monsieur Prince nous annonce que le nouvel exploitant a été désigné vendredi 18 mai par le Sicudef, à l'unanimité des 4 parties : les 3 communes (Nanterre, Puteaux et Courbevoie) plus le département. M Prince, assujéti à un devoir de réserve en attendant publication officielle de la préfecture, ne peut nous préciser de qui il s'agit. Mais il ne s'agit pas de la Climadef.
(le CRAC a obtenu confirmation de cette annonce lors du conseil municipal de courbevoie le 22 mai)

2- les autres informations importantes recueillies lors de cet entretien :

- La Climadef est engagée dans une action judiciaire avec le Sicudef, du fait du revirement du Sicudef en 1998 : le Sicudef a commandé à climadef un projet d'amélioration de la centrale, en terme de look et de nuisances. (après l'explosion en 94) Ce projet aurait dû débuter en 97 et être opérationnel en 2000. Mais en 98 le contrat a été rompu, un appel d'offre européen a été lancé pour la réalisation d'un nouveau projet après une phase de gel de 18 mois.

- La centrale a connu 4 préfets successifs mais seulement 2 inspecteurs Installations Classées : Mr Stéphani et maintenant Mme Lefloic.

- M. Prince considère que les responsables de la situation actuelle sont, dans l'ordre, l'ancien maire de Courbevoie, Charles Deprez, puis le Sicudef puis le STIIIC.
Le CRAC tente depuis sa création officielle d'obtenir un rendez-vous avec le Sicudef, et continuera à se battre en ce sens.

- M. Prince considère qu'il n'y a pas plus dangereux que le gaz ! (Néanmoins, le projet commandé par le Sicudef puis finalement avorté en 98 était bel et bien celui d'une centrale au gaz). M. Prince considère aussi que les trains de fioul sont dangereux, plus dangereux industriellement parlant que les camions.
Le CRAC n'est pas d'accord car nous considérons qu'un manège incessant de camions citernes dans le quartier présenterait d'autres dangers.

- M. Prince pointe comme facteur aggravant la densité du quartier Faubourg de l'Arche

les réponses sur les points plus techniques, concernant la sécurité, abordés par André Lafont du CRAC :

Question CRAC :
Qui a réalisé les études de danger ?
Réponse : c'est une filiale de Spi Batignolle qui a réalisé l'étude de danger en 97. Le Stiiic a fortement conseillé à Climadef de faire contrôler cette étude de danger par l'Ineris, ce qui fut fait.

Question CRAC :
Les autorisations successives prennent-elles en compte les évolutions du quartier ?
Réponse : oui, puisqu'il a fallu refaire une enquête d'utilité publique à chaque prolongation prefectorale

Question CRAC :
Des 2 centrales de chaud, Noël Pons en zone industrielle à Nanterre et la centrale du site Alençon (la "nôtre" !) c'est bien celle du Faubourg de l'Arche qui sera la principale ?
Réponse :
Non, c'est la centrale de Noel Pons qui serait la "grosse" et celle du faubourg la "petite", M. Prince considérant le bilan énergétique.
Le CRAC fait remarquer que le bilan énergétique est "faussé" par la co-génération prévue sur le site Noel Pons, pas de réponse claire à ce sujet.

Question CRAC :
Pourquoi n'avez vous pas remplacer les fluides réfrigérants maintenant hors la loi dans la partie production de froid de la centrale ?
Réponse : Les fluides réfrigérants dangereux ont bien été changé au fur et à mesure, d'après M. Prince il n'en reste pas beaucoup "ancienne formule".
Le CRAC se propose de "vérifier" cette affirmation, données chiffrées précises à l'appui, lors d'une prochaine visite de la centrale.

Question CRAC :
Pourquoi l'appel à candidature du Sicudef et le projet de réponse de la Climadef ne proposent ils pas un déplacement de la production de froid sur le site de Noël Pons ? pourquoi le déplacement est-il limité à la production de chaud ?
Réponse : Il n'est pas possible de déplacer le froid ailleurs, c'est techniquement impossible.

Or le CRAC sait que le déplacement du froid est parfaitement possible techniquement parlant.

M. Prince refuse d'employer le terme de "reconstruction" : il ne s'agit pas d'après lui de reconstruction mais de RESTRUCTURATION. En effet rien ne sera modifié de l'installation actuelle : juste des éléments déplacés. (dont les TARs déplacées de quelques mètres…)

Voici qui confirme les pires craintes du CRAC, suite à l'arrêté préfectoral et ses 98 conditions.

D'après Climadef, la restructuration consistera essentiellement à recouvrir d'un "capot" l'installation actuelle : cela sera "beau". Les dispositifs industriels de production de chaud et de froid n'ont pas besoin d'être remplacés, ils n'ont que 7 ans, ce qui serait comme neuf, d'après Climadef.

Le CRAC est en désaccord avec cette évaluation du matériel.
Le CRAC souligne que le "lifting" esthétique de l'installation du Faubourg ne fait pas partie des priorité des riverains. La priorité des riverains est la SECURITE, et tous les "jolis couvercles" du monde n'y changeront rien.

D'après M Prince, le "capotage" de la centrale la rendra enfin conforme en termes de nuisance sonore, et "il y aura moins de vapeur".
Pour le CRAC, il y a danger tant que les procédés de refroidissement génèrent de la vapeur, et le Sicudef aura beau cacher le danger, le déguiser, il sera toujours là.

Question CRAC :
Par quelle aberration n'y a-t-il pas de périmètre de sécurité autour de cette installation industrielle classée ?
Réponse : M. prince rejette toutes questions concernant le périmètre de sécurité sur le Stiiic. (service technique d'inspection des installations industrielles classées de la préfecture).

Question CRAC :
Vous avez affirmé dans l'article du Parisien du 27 avril que les travaux demandés par le prefet dans ses 98 conditions ne seraient pas effectués avant reconstruction de la centrale. Pourquoi ?
Réponse : les travaux demandés par l'arrête préfectoral sont gelés jusqu'à reprise (par le nouvel exploitant. La Climadef s'engage à faire de son mieux pour la passation.

Question CRAC :
Les riverains craignent beaucoup la phase de "transition" au cours de laquelle une nouvelle installation sera construite et connectée sur l'ancienne installation. Cette phase nous semble techniquement "propice" à des risques d'accidents accrus. Surtout s'il y a changement de type de combustible.
Réponse : La phase de transition ne sera pas dangereuse, puisqu' il n'y a pas reconstruction sur site, juste "restructuration" et "couverture" de la centrale. La construction d'une nouvelle production de chaud à Nanterre permettra de réaliser tranquillement les travaux sur le site d'Alençon (nous) après construction et mise en service de Nanterre.